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9 mai 2010 7 09 /05 /mai /2010 13:53

 

IMGP1747

 

L'homme est un poisson pour l'homme. Emprunte sa méthode à la baudroie.

Tapie dans le sable, elle ne fait connaître d’elle-même qu’une frêle aigrette jouant le rôle d’appât, qu’elle agite gracieusement au dessus d’elle. Le flux de l’eau finit de donner apparence de vie à ce petit pompon trompeur, et bientôt un poisson moyen arrive benoîtement pour gober ce qu’il croit être un poisson petit.

Et là, subitement : la vraie faim se fait connaître. En un instant la baudroie sans bouger autre chose ouvre une gueule béante et avale le poisson moyen qui croyait prendre.

Il faut le voir, alors, comme il se débat pour rien ; il faut le voir convulser une dernière fois sur le regret de la proie, sur le remords du leurre.

 

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7 mai 2010 5 07 /05 /mai /2010 00:01

mel2

 

(Luc Lamy vient encanailler Petite Racine le temps d'un vase communicant. Et Petite Racine voyage un peu chez lui en retour)

 

Petit coq monté sur ses ergots,

le maintient droit,

rognant quelques pauvres centimètres à l'héritage biologique

il se mesurait au monde des gens normaux.

Le regard perçant,

(à tout hasard)

bouche en accent circonflexe,

(par morgue naturelle)

toujours à l'affût du bon mot cinglant

qui le placerait haut dans la hiérarchie des gens d'esprit

il brillait par son érudition :

môssieur écrivait des Ââarticles pour des revues d'art, de littérature et tenait un blog très hype où il compilait soigneusement quelques photos en visant le rien,

le presque rien

le trois fois rien

ou le pas du tout

Beckett était son phare,

Duras sa sirène.

Il téléchargeait une photo en noir et blanc

aussitôt intronisée par ses soins "icône"

avec quelques mots (pas trop),

une citation (ad libitum)

une date,

le nom de l'auteur...

Obligeant le lecteur à d'obscurs efforts d'imagination pour comprendre l'ellipse et les grands écarts entre Lang (Fritz pas Jack !) et Godard...

Lui parler des fentes et perforations de Fontana le mettait en transe.

quant aux coups de ciseaux de Matisse,

dans l'espace de ses bleus gouachés,

cela le rendait littéralement apoplectique...

Il partait alors d'un petit rire saccadé,

sorte de gargouillis métallique de crécelle,

seul défaut de la cuirasse qu'il n'avait su camoufler.

Jouissant sur place...

Devant tout le monde.

Esthète de mes deux.

 

 Les autres participants aux vases communicants (merci à Brigitte Célérier)

 

France Burghelle Reyhttp://france.burghellerey.over-blog.com et Morgan Riet http://cheminsbattus.spaces.live.com
Anthony Poiraudeau
http://futilesetgraves.blogspot.com et Loran Bart http://leslignesdumonde.wordpress.com
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2 mai 2010 7 02 /05 /mai /2010 13:27

 

IMGP1989IMGP1993

IMGP1991

Les temps changent. Cela n'empêchera pas l'orage, de le voir venir. Simplement, on se doit de temps en temps de racler la fine couche de poussière déposée sur l'interface entre nous et le reste. La lustrer, ensuite, comme une caresse sur une lucidité un peu irritée, pour en rendre encore plus crédible la transparence.

Rien, ou presque, entre l'orage qui vient et nous. Ce qui rend plus grand le plaisir, sans doute, de se sentir malgré tout encore abrité.

En somme, pas grand chose de changé depuis le 1er mai de l'année dernière. Comme Louis XVI écrire dans son cahier, le jour du 14 juillet 1789 : "Rien". Ou alors, comme Francis Ponge, pouvoir écrire L'insignifiant*, et s'engager en résistance, comme si c'était le même mouvement.

* "Qu'y a-t-il de plus engageant que l'azur si ce n'est un nuage, à la clarté docile? Voilà pourquoi j'aime mieux (...) qu'une page blanche un écrit quand il passe pour insignifiant"

 

Ces grandes fenêtres en clin d'oeil aux Hublots de Philippe Annocque et aux Fenêtres open space d'Anne Savelli

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28 avril 2010 3 28 /04 /avril /2010 22:07

 

kaleidoscope

La resucée est toujours considérée avec méfiance. Voire mépris. Mais quoi? Y a t-il tant de choses nouvelles sous le soleil? La seule chose qu'on puisse tenter, c'est la multiplication du même, sa diffraction, son agencement. Jouer du fait que sous le soleil les choses n'ont, selon l'heure, pas les mêmes couleurs. Jouer du mystère de la pleine lumière, expliciter dans le sombre. Et puis découper, recomposer. Petits rayons dardés, trompés, qui font que le monde usé, par nous même salivé, nous redevienne méconnaissable.

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26 avril 2010 1 26 /04 /avril /2010 15:28

IMGP1729

S'asseoir : aspiration légitime mais trompeuse. Le dossier, les accoudoir, les pieds : tous ces éléments de stabilité finissent par se faire passer pour vrais. Nous croyons que la terre nous porte, alors que c'est le ciel qui nous balance. Le repos et le vertige se rejoignent toujours plus vite qu'on ne croit.

Et quand on quitte la place, la seule réminiscence de nous dans l'espace, la plus juste : cet ample balancement qui lentement s'épuise et hésite en quelques girations saoules. Ensuite, c'est le vent qui prend le relais.

 

* voir ici un autre et ancien siège de nos émotions 

 

 

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22 avril 2010 4 22 /04 /avril /2010 21:43

  chandelle 2

Etais mal réveillée ce matin? J'ai cru entendre notre Premier ministre dire, à propos de sa décision d'interdire le port de la Burqa contre l'avis du Conseil d'Etat, que l'enjeu (sic) en valait la chandelle. L'enjeu? Ou le jeu?

Le problème des chandelles, c'est que leur lumière est vacillante. Par ailleurs, très souvent, elles nous enfument (heureusement sans dommage pour les avions).

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20 avril 2010 2 20 /04 /avril /2010 15:33

IMGP1680

 

Toujours cette question, quoi faire du monde, c'est-à-dire comment le faire rentrer dans la langue. 

Immense appétit, voie étroite. 

Une seule solution, le leurre, faire croire au monde qu'on l'accueille largement, qu'il a tous ses aises pour s'épandre. Et progressivement, rétrécir, rétrécir. Le gros benêt s'y engouffre et finit par passer tout entier.

La capacité d'accueil, d'acception du contenant final, cela n'est pas notre affaire. Autrement dit que le lecteur se débrouille. S'il n'a plus faim, il peut toujours retourner l'objet, qui fait aussi un très beau chapeau.

 

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17 avril 2010 6 17 /04 /avril /2010 10:11

IMGP1621

Prendre un bloc de réel : toujours beaucoup trop épais. Il faut dégrossir. Mettre un coin dans la tranche, taper. Le réel est friable, il cède assez volontiers. Hélas, jamais selon le chemin de faille prévu. On se retrouve avec des pièces aux formes fantasques, certaines encore trop massives, certaines ridiculement petites, anecdotiques, à jeter.

Celles qui restent, on se doit d'en émousser les bords, trop tranchants. Faisant cela, on se demande si on a raison, si à arrondir ainsi les angles on ne ment pas un peu. Mais enfin, on poursuit, et voilà nos meilleures intentions transformées en pavés. Le réel est une ardoise qu'on écrit avec ses pieds

Ensuite, il faut assembler, trouver les pièces dont les formes s'épousent et se répondent, inventer entre elles la possibilité d'un cheminement. Et surtout, surtout, ménager les interstices, laisser la place propice aux poussées d'herbes folles. Composer pour assurer la stabilité des pas, ne pas tout occulter.

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13 avril 2010 2 13 /04 /avril /2010 09:02

cacahuetes

 

La nourriture est-elle un objet? Vivant, issu du vivant, ce qui nous nourrit. Nous mangerions des clous ce serait autre chose. Mais non, nous avons besoin de la chair qui croît et qui meurt pour que perdure la nôtre. 

Soit. Mais la cacahuète, est-ce une nourriture?

La nourriture rassasie. La cacahuète, elle, est dotée d'une sorte de microprocesseur interne fonctionnant en boucle et faisant que chaque cacahuète avalée appelle une autre cacahuète, et ainsi de suite jusqu'à la fin des temps. Preuve que la cacahuète n'est pas une nourriture, mais un objet, doté de fonctions, investi d'attentes. 

Quelles sont les fonctions de la cacahuète? En premier lieu la sociabilité. Rêve de conversations interminables, nourries par une sorte de tonneau des Danaïdes à rebours, la coupelle à cacahuètes. Sociabilité : mise en présence de plusieurs individualités autour d'un pot commun. Expérience de voir comment les règles du savoir-vivre l'emporteront ou non sur l'avidité. C'est la question : qu'adviendra t-il de la dernière cacahuète au fond de la coupelle? Si la soirée s'achève et qu'il en reste une, une seule, c'est qu'on s'est rapproché, modestement peut-être mais sûrement, de l'utopie. La conversation fut si riche que toutes les cacahuètes y passèrent, sauf la dernière, celle qui permet que l'instance de parole puisse être reprise plus tard, celle qui permet que personne, jamais, n'ait le dernier mot.

 

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11 avril 2010 7 11 /04 /avril /2010 21:09

IMGP1632

 

Il suffit de deux pour faire une série. Pour qu'apparaisse la possibilité du nombreux, de la continuité. 

Deux billets faits au hasard, sans projet, et déjà l'envie de les apparier et de les poursuivre. Peut-être est-ce la forme du blog qui veut ça, sa linéarité, la faculté laissée de gérer des catégories. On se prend à vouloir rassembler les perles par couleurs, à les enfiler ensuite, les rêvant si nombreuses qu'innombrables. On se prend à enfiler les perles, avec ce que l'expression recèle de féminité, de naïveté aussi.

Débute donc ici un nouveau rang, un nouvel affluent de la rivière de perles (bijou pour nager, pour se noyer).

De deux, sommes passés à trois : trois objets, pris là pour leur force d'objet à expliciter une fonction, une manière d'agir sur le monde. Trois objets pris pour leur mystère d'objet, qui ne tient pas à leur beauté mais à l'indéchiffrable écart entre ce pour quoi ils ont été fabriqués et ce qu'au final on attend d'eux.

Trois objets, il y en aura donc d'autres.

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