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6 janvier 2011 4 06 /01 /janvier /2011 17:26

salle-d-attente.jpg

Il se trouve que cet après-midi, je me suis retrouvée dans une salle d'attente. Pour attendre. Dans une salle d'attente, on ne peut rien faire d'autre. Au début on essaie, on se débat, on sort son bouquin. Je n'avais pas n'importe lequel, j'avais Cosmoz, de Claro, ça permet de tenir. Sauf que, dans la salle d'attente, c'est un peu comme pour Oz, on ne sait jamais si c'est pour dans cinq minutes ou pour dans dix mille ans. On entend des pas qui vont, qui viennent, jamais pour soi. Que ce soit pour se faire retirer une dent, pour un rendez-vous avec une comptable, un gynéco, un directeur, ou bien le loup lui-même, c'est toujours pareil, l'attente. Lentement, elle vous mange. Au bout d'un moment le livre tombe tout seul, parce qu'il n'y a plus personne au bout des mains, il n'y a que l'attente faite chair, blanche, blanche, blanche, et bête à en lire Voici-voilà, et même pas.

Parce qu'au bout d'un moment, entre cinq minutes et dix mille ans environ, s'impose cette question : y a t-il quelque chose derrière la porte de la salle d'attente? Ou bien le monde s'arrête t-il là?

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4 janvier 2011 2 04 /01 /janvier /2011 11:53

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Je fomente quelque chose d'effroyable. J'y pense tout le temps, même en rêve, et de nouveau quelque chose scintille, mica de cruauté bisauté douceur, qui fait que le monde me semble, disons, acceptable. Je fomente, à peine des actes, seulement un peu d'écriture, déconnectée de toute intention fructificatrice, mais non dépourvue de calculs. Je réinvente le risque, condition nécessaire de la vie, et pas seulement de son saccage comme on veut nous le faire croire. Je réinvente le risque, seulement déplacé, par une infime entreprise d'import-export, dans une galerie suffisamment étroite pour qu'il y ait peu de passage. Je sais déjà que c'est sur moi que le quelque chose claquera. Bruit sec de la page refermée.

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1 janvier 2011 6 01 /01 /janvier /2011 10:36

 

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Voici celles d'électrons (sans doute libres) rentrant avec une tension de 20kV dans un matériau métallique. Que les vôtres, qu'elles soient de volontés, d'images ou d'énigmes, vous produisent autant de bonheurs échevelés.

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20 décembre 2010 1 20 /12 /décembre /2010 21:00

 

Photo0515
(non ce n'est pas la neige)

 

Le coton-tige c'est dangereux. Ca fait du bien mais c'est dangereux. On frotte on frotte, on va trop loin et après voilà. Le coton-tige faut s'en méfier. Comme tout ce qui apporte du plaisir, d'ailleurs. C'est mauvais comme tout. On n'imagine pas. On peut perforer.  On peut crever. Faut pas ce fier au coton doux, à la tige fine. C'est une arme, véritable. C'est pour ça, principe de précaution oblige : maintenant on fabrique des coton-tiges sécurisés. C'était trop de risques. Bientôt on interdira les coton-tiges dans les aéroports. Peut-être que c'est déjà fait, espérons. 

Parce que sinon vous n'auriez plus vos jolies esgourdes pour m'écouter parler de ce qui m'occupe un peu (beaucoup) en ce moment, alors que le son est bon. Merci encore à Remue.net de leur invitation le 10 décembre dernier. Vous pouvez aussi écouter ici les deux autres écrivains invités à parler de leur résidence d'auteur, Florence Ascal et Laurent Contamin, ainsi que Xavier Person, chef du service livre de la Région Ile-de-France à l'origine de ce programme de résidence.

J'en profite, mais je le redirai, pour signaler la journée du 15 janvier pendant laquelle Remue.net fêtera ses dix ans d'existence. J'y interviendrai aussi, et surtout plein d'autres auteurs que j'ai hâte de voir en vrai, tout le programme ici.

 

(et pour mon intervention, vous verrez, je suis un peu lente au démarrage mais je démarre quand même : patience, et longueur de temps...)

 

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15 décembre 2010 3 15 /12 /décembre /2010 15:20

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Comprendre : volonté, réflexe, de capter, de suspendre. Pour que dans le fixe enfin quelque chose nous semble apparaître. Sauf que, de deux choses l'une :

- ou bien on se ferme rapidement à ce qui est donné, et on en a une vision nette, mais fausse : une suprise morte

- ou bien on est à obturation lente, et alors on voit bien que la forme est un leurre.

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8 décembre 2010 3 08 /12 /décembre /2010 11:10

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Engagée ces derniers temps dans un chantier titanesque. Quelque chose d'entièrement nouveau, qui mettra tout le monde sur le flanc. Quelque chose qui satisfasse l'universel besoin ancré au plus profond de nos hypothalames, l'universel besoin de vitesse. Et celui, aussi, de réduire au plus les frottements d'avec la matière (surtout celle du bas). Quelque chose qui permette de charrier beaucoup plus lourd, beaucoup plus loin. Ce travail : trouver la forme juste qui combine immobilité absolue, vitesse multipliée, distance, résidence. Oui, ça mettra tout le monde sur le flanc. Ou même sur le cul, si en même temps j'invente la banquette en moleskine.

Et ensuite, je m'attaque à l'eau chaude.

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3 décembre 2010 5 03 /12 /décembre /2010 00:31

 

1_IMG_6134_2.jpg

 

me cherchiez-vous madame
un espoir si charmant me serait-il permis


et si l'on devenait ... végétal par littérature


racine


petite chose de faibles filaments ensemble
obstinément dans l'enfonçure sous la terre profonde
fixer un peu stable ce qui dépasse de surface
proliférer en latérales pour chemin de flux
et traverser en circonvolutions



j'en pincerais bien pour la racine
à radicelles tournoyantes
à ramifications infinies
à boutures adventices
celle qui ne se contente pas de la ligne
à moins qu'elle ne tourne

et fasse cercle

et reviens l'éternel

je ne l'ai point encore embrassé d'aujourd'hui

petite racine de rimbaud bleu
sous les marronniers blancs

guêpes et orchidées

tout à coup la montagne devenait violette
de temps en temps elle regardait
les étoiles danser dans le ciel
oh pourvu que je tienne jusqu'à l'aube

bruyère et chèvrefeuille

petite racine de du bellay
bouche rouge et bel aubépin verdissant

petite racine de blandine tenant tête aux lions
dans la fosse
et quelle est cette peur dont le coeur est frappé

petite racine d'horace o fons bandusiae

vos yeux seuls et les miens sont ouverts

compagne du péril moi-même devant vous
au fin fond des forêts j'aurais voulu marcher
poussière sur l'épaule

petit tiroir de bois où déposer le café moulu de sa vie
une autre fois je t'ouvrirai mon âme

reviens, reviens criât la trompe



l'écriture comme 
la sagesse des plantes: même quand elles sont à racines
il ya toujours un dehors où elles font rhizome
—avec le vent, avec un animal, avec l'homme

toujours à entrées multiples

 

2_IMG_1757_2.jpg

 

Plaisir d'accueillir chez Petite Racine ce beau texte végétal de Maryse Hache, qui, à l'occasion des vases communicants de décembre, prend ma place tandis que je prends la sienne, sur semenoir.

 

Les autres participants (y a du monde!) :

 

Daniel Bourrion http://www.face-terres.fr/ et Urbain trop urbain http://www.urbain-trop-urbain.fr/

François Bon http://www.tierslivre.net/ et Michel Volkovitch http://www.volkovitch.com/

Christine Jeanney http://tentatives.eklablog.fr/ce-qu-ils-disent-c138976 et Kouki Rossi http://koukistories.blogspot.com/

Anthony Poiraudeau http://futilesetgraves.blogspot.com/ et Clara Lamireau http://runningnewb.wordpress.com/

Samuel Dixneuf-Mocozet http://samdixneuf.wordpress.com/ et Jérémie Szpirzglas http://www.inacheve.net/

Pierre Ménard http://www.liminaire.fr/ et Christophe Grossi http://kwakizbak.over-blog.com/

Michel Brosseau http://www.àchatperché.net/ et Jean Prod'hom http://www.lesmarges.net/

Lambert Savigneux http://aloredelam.com/ et Silence http://flaneriequotidienne.wordpress.com/

Olivier Guéry http://soubresauts.net/drupal/ et Joachim Séné http://joachimsene.fr/txt/

Maryse Hache http://semenoir.typepad.fr/ et Cécile Portier http://petiteracine.over-blog.com/

Anita Navarrete Berbel http://sauvageana.blogspot.com/ et Landry Jutier http://landryjutier.wordpress.com/

Anne Savelli http://www.fenetresopenspace.blogspot.com/ et Piero Cohen-Hadria http://www.pendantleweekend.net/

Feuilly http://feuilly.hautetfort.com/ et Bertrand Redonnet http://lexildesmots.hautetfort.com/

Arnaud Maïsetti http://www.arnaudmaisetti.net/spip et KMS http://kmskma.free.fr/

Starsky http://www.starsky.fr/ et Random Songs http://randomsongs.org/

Laure Morali http://lauremorali.blogspot.com/ et Michèle Dujardin http://abadon.fr/

Florence Trocmé http://poezibao.typepad.com/ et Laurent Margantin http://www.oeuvresouvertes.net/

Isabelle Buterlin http://yzabel2046.blogspot.com/ et Jean Yves Fick http://jeanyvesfick.wordpress.com/

Barbara Albeck http://barbara-albeck.over-blog.com/ et Jean http://souriredureste.blogspot.com/

Kathie Durand http://www.minetteaferraille.net/ et Nolwenn Euzen http://nolwenn.euzen.over-blog.com/

Juliette Mezenc http://motmaquis.net/ et Loran Bart http://noteseparses.wordpress.com/

Gilles Bertin http://www.lignesdevie.com/ et Brigitte Célérier http://brigetoun.blogspot.com/

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30 novembre 2010 2 30 /11 /novembre /2010 00:00

HPIM6783-copie-1.JPG

 

En ce moment, préoccupée par des histoires de connectique. En atelier d'écriture, j'essaie de retrouver les bons liens entre des personnages au nombre exponentiellement croissant. Je déplie les enfants, c'est comme ça qu'on dit pour rendre visible les liens entre deux items, l'un découlant de l'autre. Sur ce blog, je remets à jour ma liste de liens, ce que je n'avais pas fait depuis des mois, et c'était une honte car en manquait un bon paquet et pas des moindres. Je n'en suis même pas à bout.

Et, revenant dans le monde réel, qu'est-ce que je dois faire? Trouver une prise qui puisse relier mon ordinateur à un vidéoprojecteur, afin de pouvoir montrer des choses sur écran le 10 décembre à cette soirée organisée par Remue.net à la Scène du balcon . Je serai tout à fait reconnaissante à celles et ceux qui sacrifieront leur vendredi soir pour venir constater si oui ou non j'ai trouvé la bonne prise.

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23 novembre 2010 2 23 /11 /novembre /2010 13:59

 

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Objet perdu : objet précieux. Préciosité moins monétaire qu’affective. La trace que l’objet laisse en nous en est l’aune. Ce que sa perte provoque : un sentiment d’exil, d’irréversibilité. La perte d’un objet nous fait croire à l’existence des événements, à l’idée qu’il y a un avant, un après, et que s’il en est ainsi pour les objets il doit en être de même pour nous. La perte d’un objet nous apprivoise à l’idée de l’après-nous.
Des jalons de perte comme ça, j’en ai aussi. Des objets chéris que rien n’efface parce que justement ils ne sont plus visibles.
Mais il y a aussi des pertes d’objets insignifiants, et pourquoi donc on tairait ces pertes là ?
Je suis pour ma part confrontée à la perte de chaussettes. Plus exactement, à la perte de chaussette, au singulier, car c’est bien cela qui est embêtant, de perdre une seule chaussette et non les deux.
La perte de chaussette n’est pas un traumatisme en soi. C’est la répétition qui use. C’est surtout, avec la répétition, l’augmentation considérable du volume à consacrer pour conserver les autres chaussettes, celles qui, de la paire originelle, restent, et dont on ne sait plus que faire puisque les chaussettes vont généralement par deux.
Le phénomène de la perte de chaussette est subtil et paradoxal. Là où la perte d’un objet précieux creuse le monde, la perte de chaussette l’augmente dangereusement, lui rajoute de la matière.
Cette matière proliférante, on peut tenter de la réduire, mais c’est une gageure, un travail de Sisyphe : car toujours de nouvelles pertes viennent augmenter le tas des chaussettes orphelines. Régulièrement on tente de reconstituer des paires. Il serait fastidieux d’explorer toutes les méthodes expérimentées pour que chacune retrouve sa chacune : on les étale, on les classe par taille, par couleur, par degré d’usure, puis, au sein d’une même couleur, par motif, par texture, par épaisseur de bordure, par, par, par… On a parfois la joie intense d’apparier de nouveau deux petites socquettes blanches à bord dentelé, mais pour le reste ? Le reste continue d’être matière inutile, matière en attente.
Car qui oserait jeter la chaussette survivante sans avoir la preuve absolue et définitive que l’autre est perdue sans espoir ? Ce serait une attitude bien légère. Qu’on songe en effet, qu’il est rare de sortir ses chaussettes de chez soi, sauf par paires et vissées aux pieds. D’où il ressort qu’une chaussette perdue n’est jamais qu’une chaussette égarée, qu’une chaussette encore là.
Par cet espoir tenace de retrouvailles qu’il instille en nous, le phénomène de la perte de chaussette vient sournoisement saper l’idée même de la perte. Car si la paire de chaussettes obéit comme les autres objets et personnes à la règle de la disparition inéluctable, la chaussette, en tant qu’elle est singulière et orpheline, en tant qu’elle est inutile, existe sous le régime de l’éternité.
Et ce n’est pas le moindre des paradoxes, que ce soit ce petit amas de mailles insignifiant qui vienne contredire, de façon si exaspérante, tous nos désespoirs.

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18 novembre 2010 4 18 /11 /novembre /2010 10:08

 

balle

 

Au hasard des pages web feuilletées ce matin, cette phrase : "Bourse, rebond poussif". Je clique, m'en vais illico (taux de rebond élevé). Puis, interrogation "rebond poussif, bourse" : multiples occurences depuis 2008. Ce n'est donc pas maladresse, mais expression consacrée. Et c'est vrai : admirons le bel accolage :

- manière d'instiller l'espoir et de le contredire la seconde d'après,

- manière de suggérer la bourse en grand animal fatigué, courbaturé, mais plein encore de bonne volonté,

- manière de figurer le marché en boule de pétanque lancée à pleine vitesse contre le sol empoussiéré de nos sociétés vieillissantes. On s'étonne encore qu'elle n'ait pas redécollé aussitôt.

Rien n'est dit, en revanche, du résultat de l'action précédente, le même petit cochonnet toujours efficacement dégommé.

 

Et notre plus grand souhait, toujours, celui de rapporter.

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